C’est une annonce qui fait trembler l’écosystème des crypto-monnaies et en particulier de nombreux acteurs du Bitcoin. L’Europe ne plaisante pas avec les dépenses énergétiques liées au minage des monnaies virtuelles. La « preuve de travail » nécessaire au fonctionnement de la blockchain du Bitcoin notamment est dans le collimateur des autorités. L’Union européenne invite ainsi les mineurs indépendants, les pools de minage et autres professionnels à passer du système de minage de « proof-of-work » au « proof-of-stake ». Une simple invitation qui pourrait rapidement devenir une obligation. Avec quelles conséquences ?
La preuve de travail de Bitcoin menacée
Et si la preuve de travail était la faille qui sonnait la fin de l’hégémonie de Bitcoin ? Cette formule de minage, largement critiquée pour son caractère énergivore, est aujourd’hui la cible de l’Union Européenne. L’Autorité européenne des marchés financiers (AEMF) songe tout simplement à interdire la proof-of-work (ou preuve de travail en français) dans tous les pays de l’Union. Cette limitation viendrait en complément de mesures déjà prises par la Suède, seul pays européen à interdire pour le moment le minage de Bitcoin avec cette technologie.
Le Bitcoin et l’Ether reposent tous deux sur la méthode de la « preuve de travail », qui exige que tous les participants au réseau de la blockchain vérifient les transactions. Les mineurs qui utilisent des datacenters tentaculaires et des ordinateurs puissants pour résoudre des énigmes complexes sont récompensés pour l’enregistrement des transactions par des jetons. Mais ce modèle requiert une quantité d’énergie plus importante que la méthode de « proof-of-stake », c’est à dire la « preuve d’enjeu » ou « preuve de participation ».
Il convient de nuancer ce message envoyé par les décisionnaires européens. En effet, si la preuve de travail est clairement visée, aucune interdiction générale du minage de cryptomonnaies n’est évoquée.
La géographie de l’industrie du minage en pleine restructuration
Avec cette volonté affichée par l’Europe de respecter les accords de Paris et un effort demandé pour optimiser le minage de Bitcoin, ce n’est pas pour autant une révolution totale de l’industrie qui se prépare. Historiquement, l’Europe représente une part relativement faible du total des opérations de minage.
Grand acteur historique jusqu’en septembre 2019, la Chine a vu sa part de puissance totale utilisée par les ordinateurs pour le minage passer de 75,5 % à zéro. Logique, l’activité de minage de crypto y est désormais interdite. Depuis, ce sont les États-Unis qui ont émergé comme le pays de référence, avec l’Amérique du Sud sur les talons. Oui, l‘Amérique latine en particulier avec l’Argentine devrait constituer le nouvel eldorado pour les mineurs asiatiques ainsi que les Européens, qui ne peuvent plus miser sur le Kazakhstan.